Le Dieu couleur de nuit by Maurice Limat

Auteur:Maurice Limat [Limat, Maurice]
La langue: fra
Format: epub
Tags: FNA, SF FR
Éditeur: Fleuve noir
Publié: 0100-12-31T23:00:00+00:00

CHAPITRE VIII

Le moment était venu de tirer Jean et les trois Uzaow de leur torpeur mentale, de leur attitude robotique.

Maintenant, paradoxalement, au fur et à mesure qu’on approchait de ce qui devait être le domaine du dieu, sa demeure souterraine, le danger de suggestion à son pouvoir magnétique diminuait.

Coqdor s’expliquait cela en pensant que l’entité couleur de nuit avait engendré une sorte de ceinture de protection psychique, en forme d’anneau encerclant la montagne fascinante.

Cette zone circulaire, large de plusieurs centaines de mètres, lui suffisait probablement, nul n’osant s’y aventurer.

À l’intérieur de son domaine cavernicole, au contraire, il s’abandonnait et ne s’épuisait pas à soutenir un tel électromagnétisme permanent.

Coqdor en concluait donc que ce dieu avait bien en lui des points qui le rapprochaient de l’humain, des faiblesses rappelant fâcheusement les divinités mythologiques, créées par l’imagination des ancêtres de la Terre, et qui paraient naïvement leurs pseudo-créateurs de toutes les tares dont ils étaient eux-mêmes affublés.

Jean, donc, ouvrit les yeux pour de bon, s’étonna du décor fantastique où il se trouvait et, tout d’abord, se plaignit d’une violente migraine.

Coqdor pria Gheldir de s’occuper de lui, ce qu’elle fit avec bonne grâce, et le frère de Monique, sentant les mains fraîches de la fille vêtue d’or se poser sur son front, déclara immédiatement qu’il ne s’était jamais senti si bien.

Le chevalier aux yeux verts, lui, laissant son jeune ami à la merci de la prêtresse, achevait de délivrer psychiquement les trois guerriers, et leur rendait leur lucidité.

On fit une petite halte et on en profita pour raconter aux quatre ex-robots vivants ce qui s’était passé depuis l’entrée dans la zone dangereuse.

Jean retrouvait Râx avec plaisir et caressait le petit monstre qui lui manifestait sa satisfaction avec la pétulance canine.

Mais, tout en demeurant le plus près possible de Gheldir, que cette cour spontanée semblait toujours autant réjouir, Jean questionnait inlassablement le chevalier.

Ce dernier lui expliquait quelle devait être la nature de la fameuse zone psychique. Sans doute, en marchant vers la montagne fascinante, l’avaient-ils frôlée, quand ils avaient eu la prescience de cette observation gênante d’une présence invisible mais omniprésente.

– La forêt florale devait border à peu près l’anneau magnétique où les cerveaux sont soumis au dieu Noir. En nous endormant, les fleurs somnifères nous ont rendu service. Et les Uzaow ont fait le reste.

Et maintenant ? On était tout près du dieu, dans son repaire le plus secret.

Avait-on une chance d’y retrouver Monique ?

Jean l’espérait. Gheldir aussi, probablement, mais elle demeurait infiniment plus discrète sur ses intentions.

Coqdor essaya de faire le point.

On irait jusqu’au bout et on touchait pratiquement au but. Mais il faudrait redoubler de précautions.

Si l’entité noire avait conscience de la présence des intrus — et c’était probablement le cas — elle se déchaînerait contre eux.

Bien qu’éveillés, Jean et les Uzaow devaient se tenir sur leurs gardes, Coqdor et Gheldir se chargeant de les hypnotiser si c’était nécessaire, pour les sauver d’un esclavage mental éventuel.

Mais le chevalier, comme la prêtresse, en dépit de leurs facultés d’exception, étaient-ils capables de soutenir l’assaut du dieu Noir ?

– À la grâce du Maître du Cosmos.

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